Mouvements
Alain revient fréquemment sur la nécessité d'observer le mouvement des astres. Lorsque je le fais, il arrive que je sois saisi de vertige en considérant ce que je suis au prix de ce qui est. "Le silence de ces espaces infinis m'effraie." Revient alors le corollaire de la formule pascalienne : "L'univers par ses dimensions m'écrase, mais par l'esprit je le comprends." Il y a là, sous la plume du janséniste, un optimisme que l'on ne soupçonne pas a priori.
Merveille, effectivement, de l'entendement humain que cette capacité à penser ce qui est caché. Je voudrais donner au lecteur le stupéfiant exemple de l'équation du temps. La marche de la Terre autour du soleil n'est pas régulière, contrairement à sa rotation propre. De la vient que le soleil ne passe pas au méridien - à son zénith - de façon concomitante avec ce qu'indique une horloge. Lorsqu'elle indique midi, le soleil est le plus souvent soit en retard, soit en avance par rapport à son zénith. Il faut donc corriger l'heure indiquée pas un cadran solaire en fonction du jour de l'année où l'on procède à l'observation. Ainsi on obtient l'heure vraie. La courbe qui permet de faire la correction ressemble à un 8 dont une boucle est plus petite que l'autre. Cette courbe a été dessinée et pensée bien avant l'invention de la photographie, grâce aux seules capacités conceptuelles de notre esprit. On la trouve gravée sur de nombreux cadrans solaires, comme le prouve cette photo :
Or voici le cliché que l'on obtient, si pendant une année on superpose régulièrement l'image du soleil toujours prise au même lieu et à la même heure...
Le soleil suit exactement la trace que l'esprit avait anticipée.