Spinoza
«L'objectif de l'art n'est pas le déclenchement d'une sécrétion
momentanée d'adrénaline, mais la construction, sur la durée d'une
vie,
d'un état d'émerveillement et de sérénité.»
Glenn Gould
Spinoza, s'il eût été un Ancien, aurait philosophé à l'ombre paisible du Portique. Du moins, il s'agit d'une conviction toute personnelle.
L'existence en elle-même porte la joie, puisque, quoique fragile, se renouvelle cycliquement son triomphe sur le néant. Et lui-même, tout rien, tout vide qu'il est, comment pourrait-il ne pas être ? Néant, une des modalités de l'existence ; de même que le silence forme trame sur laquelle tissent les navettes des lignes mélodiques.
Le retour à l'état initial s'annonce déjà dans l'amorce d'une fugue. Mais faut-il pour autant s'affliger du silence à venir après la musique ? Une voix contient virtuellement toutes les autres, le silence porte en possible toutes les fugues.
L'apparence du néant sécréte donc une infinité d'existences. De là vient la joie, émerveillée et sereine.